D’un côté, la nature. Elle met des millions d’années à faire remonter à la surface un diamant. Son extraction est coûteuse et cause des dommages durables à l’environnement. De l’autre, l’homme, capable de le produire en laboratoire, en quelques semaines, à moindre coût avec des conséquences environnementales réduites. Et il ne faut pas parler de pâles copies. Les diamants synthétiques ont la même structure carbonée que les diamants naturels et sont indiscernables de ces derniers à l’œil nu, même pour les spécialistes. Créée en 1954 par la société américaine General Electric, la production de diamants de synthèse a d’abord été destinée à un usage industriel, avant de véritablement décoller à partir des années 2010, portée par les avancées technologiques.

Un impact direct sur les prix du marché traditionnel

Désormais, ces pierres élevées en laboratoire ne se cantonnent plus à l'industrie : elles sont entrées en force sur le marché de la joaillerie. A priori, pour les acteurs traditionnels, il n’y a pas péril en la demeure. La production de diamants extraits se situe à environ 110 millions de carats, celle de diamants synthétiques oscille entre 6 et 7 millions, soit à peine 6% du marché, mais c’est un chiffre en hausse constante.

Les conséquences sont de deux ordres. Le prix ! À la différence de l’or, le diamant n’a pas de prix unifié faisant référence. Sa valeur repose sur quatre critères, les 4 C : la taille, la pureté, la teinte et le poids. Résultat, un diamant naturel d’un carat se vend entre 2 000 et 25 000 euros selon sa qualité. Un diamant de laboratoire, entre 800 et 2 500 euros, soit une différence de prix de 60 à 90%. Cette alternative plus abordable exerce une pression directe sur les prix des diamants naturels. Depuis 2016, ils ont perdu plus de 9% de leur valeur et leur production recule. Ce n’est pas un effondrement, mais le coup est rude pour le marché traditionnel.

Une demande croissante et de nouveaux débouchés

Alors, pourquoi pas encore plus ? Parce que l’arrivée massive du diamant de laboratoire a ouvert de nouveaux horizons. En joaillerie, c’est la fameuse bague de fiançailles. En Inde, pays le plus peuplé au monde, la demande s'est déplacée vers les diamants, devenus le choix le plus populaire. Mais c’est aussi le cas ailleurs. Le diamant a également renforcé ses usages. Ses propriétés exceptionnelles – dureté, conductivité thermique – en font un matériau clé pour l’industrie : outils de coupe, meules abrasives, électronique de pointe… Le diamant synthétique s’impose. Il trouve même sa place en biotechnologie et en médecine, notamment comme semi-conducteur ou pour des applications médicales de haute précision. Le diamant élevé en culture est donc, pour partie, encore une offre complémentaire plus que concurrente, mais pour combien de temps ? Le mouvement est en marche.

Un séisme pour les pays producteurs de diamants naturels

Surtout, cette transformation redessine la géographie de l’offre. Excepté le Canada et la Russie, l’offre de diamant naturel se situe quasi exclusivement en Afrique : Botswana, Angola, République démocratique du Congo, Afrique du Sud, Namibie. C’est une source d’activité, d’emplois et de devises vitale, même si, il ne faut pas être naïf, elle est bien souvent source de corruption. Au Botswana, les ventes de diamants représentent 80% des exportations, 50% des recettes publiques et 30% du PIB. Le développement du diamant de laboratoire est un cataclysme pour tous ces pays souvent fragiles, car l’offre de diamants synthétiques se situe ailleurs, en Chine, aux États-Unis, en Inde, plus proche de la demande.

Les diamants synthétiques ont transformé le paysage de l’industrie du diamant, offrant des alternatives plus abordables et potentiellement plus éthiques aux consommateurs, mais cela s’est fait au prix de la fragilisation extrême de certains des pays les moins favorisés.

Publié le jeudi 13 mars 2025 par XERFI CANAL

 

Publié le jeudi 13 mars 2025

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